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Première approche… de L’APPROCHE ! – Guillaume CHAUVEL

Première approche… de L’APPROCHE ! – Guillaume CHAUVEL

Il est difficile de dire ce qui m’a amené à la chasse à l’approche.

Plusieurs facteurs sans doute.

D’abord l’adhésion à l’Association des Chasseurs de Grand Gibier, puis le passage du brevet en 2021, qui m’ont ouvert les yeux sur ce mode de chasse par trop méconnu.

Ensuite la recherche d’une chasse alternative à la battue que je pratique avec assiduité. Le besoin d’une chasse plus calme, plus posée, plus individuelle, bref, différente.

Enfin, l’envie de prolonger le plaisir de la chasse à la belle saison.

Je me suis donc décidé à suivre dès le printemps la formation de chasse individuelle dispensée par l’association d’Ille-et-Vilaine. La chasse à l’approche est impressionnante pour le novice : il me paraissait nécessaire de suivre les conseils avisés de Jean-Marie BLUM.

Au 1er juin, me voilà équipé d’une carabine calibre 30-06 réglée et d’une lunette adaptée, de jumelles télémétriques, d’une canne de pirsch « four stable stick » et d’un solide appétit de découverte.

Je me souviendrai longtemps de cette première soirée d’approche.

Elle a eu lieu le lendemain, sous l’autorité d’un ami féru d’approche à l’arc, sur une société de chasse privée de Loire-Atlantique. Le temps était magnifique et nous avions rendez-vous à 19 heures.

Après avoir battu les bois, la plaine, les boqueteaux durant environ deux heures, seul un lièvre apeuré a pu être identifié. L’approche tenait ses promesses, l’exercice était difficile.

Pour autant, le temps ne m’a pas paru long car l’attente, l’émotion, la frustration même font partie du charme de cette chasse aléatoire. Ses couleurs, ses sons, ses odeurs sont étrangers au chasseur de l’hiver.

Durant les premières minutes, les pas sont feutrés, et la respiration contenue. Puis le corps se relâche, de manière toute relative cependant, avec au bout d’un certain temps l’idée, de plus en plus présente, qu’on fera « buisson creux ».

On ne rencontre pas forcément le premier soir!

La proie se présentera cependant vers 21 heures.

Il s’agissait d’un brocard six pointes qui avait été identifié depuis longtemps déjà sur le territoire, et que j’avais eu l’occasion d’admirer en battue, puisqu’il avait mis les chiens en défaut.

Un bel animal, en pleine maturité, aux bois préservés, avec merrains épais, perlures saillantes, pointes équilibrées, meules avantageuses.

Il viandait tranquillement dans un champ alors que nous progressions sous une allée de chênes.

Environ 150 m… nous avançons à pas de loup dans l’allée, protégés par les chênes, sur une cinquantaine de mètres.

Je dispose la canne de pirsch m’efforçant de ne pas me précipiter, et de rester silencieux.

L’animal se présente idéalement en plein profil.

J’ajuste ma lunette, fébrile mais sans trembler, j’appuie sur la queue de détente… qui ne s’actionne pas faute d’avoir retiré la sûreté!

Erreur de débutant, mais heureusement l’animal ne bouge pas.

Je fais feu, le brocard s’effondre après avoir fait 10 m sur un coup de sang.

L’émotion est évidemment intense tant il est nouveau, pour moi de tuer un animal immobile, à l’arrêt, de façon posée et réfléchie.

Le sentiment est étonnant, mêlé de fierté et de gravité pour avoir pris la vie de cet animal en pleine tranquillité.

Heureusement, j’ai la satisfaction de constater qu’il n’a pas souffert, ayant reçu une balle en plein cœur.

Les honneurs lui sont rendus, et me voilà baptisé.

Pouvais-je espérer mieux ? Les habitués de la chasse à l’approche me diront, avec justesse, que j’ai eu beaucoup de chance.

Cette chance du débutant n’a pas nécessairement duré sur les sorties estivales suivantes, parfois plus compliquées, plus frustrantes, différentes mais toutes passionnantes.

La chasse à l’approche mérite d’être découverte, elle constitue une chasse presque exactement contraire à la battue qui est collective, musicale, animée, aussi furieuse que fulgurante.

Tout distingue ces deux modes de chasse, qui ne doivent pas être opposés mais envisagés de manière complémentaires.

Il n’est pas interdit d’avoir plusieurs cordes à son arc.