L'isard,
ou chamois des Pyrénées (Rupicapra pyrenaica pyrenaica),
est un mammifère ongulé ruminant de la famille des
Bovidae et de la tribu des Rupicaprini (littéralement chèvres
des rochers).
L'isard se différencie du chamois par sa taille
sensiblement plus petite. Il mesure de 0,70 m à 0,75 m au
garrot pour 1 m à 1,10 m de longueur. Chez l'isard le mâle
pèse de 25 à 40 kg et la femelle de 20 à 32
kg.
C'est la coloration du pelage qui distingue le plus
le chamois de l'isard. En été, la livrée du
chamois est claire, celle de l'isard plus rougeâtre. Chez
l'isard, la couleur est moins foncée et des zones plus claires
apparaissent nettement. La fameuse écharpe est très
visible chez les mâles, elle est formée de deux bandes
sombres qui partent de la base des oreilles et se terminent sur
les pattes.
Chez le chamois et l'isard, le mâle est appelé
bouc, la femelle chèvre. Le jeune avant un an sans distinction
de sexe est nommé chevreau, le jeune mâle dans sa 2ème
année est appelé éterlou, la jeune femelle
éterle. Le dimorphisme sexuel est peu marqué chez
le chamois, les deux sexes portent des cornes. L'allure générale
du mâle est plus massive que celle de la femelle.
Répartition et effectifs
L'isard est présent dans tous les départements
pyrénéens. Son effectif dans les Pyrénées
serait de 28 000.
Les cornes
Chez le chamois, comme pour tous les bovidés,
les cornes sont conservées tout au long de la vie. Elles
poussent dès la naissance, mais ne sont visibles que vers
2 mois. A 6-7 mois, elles mesurent de 3 à 5 cm et amorcent
une légère courbure vers l'arrière. Pendant
l'hiver la croissance s'interrompt, pour reprendre au début
du printemps suivant. Elle repousse alors vers le haut la partie
existante.
La croissance est importante les trois premières
années, surtout au cours de la deuxième, lorsque le
crochet se forme. L'examen des cornes, dans le cas d'animaux morts
ou capturés, permet de déterminer l'âge par
dénombrement des segments de croissance.
La reproduction
Dès le mois d'octobre, en général
au-dessus de la forêt, on observe de grands rassemblements
d'animaux où se joignent les mâles d'habitude solitaires.
Le rut commence dès novembre pour se terminer vers la mi-décembre.
Dans la première moitié du rut, ce sont les mâles
âgés qui empêchent les plus jeunes de courtiser
les femelles et qui assurent les saillies.
C'est à peu près 23 semaines plus tard,
entre printemps et été, que la femelle donne naissance
à un jeune. Il n'est pas rare qu'une femelle âgée
de 15 ans et plus soit encore féconde. Le chevreau mesure
0,50 m de long et 0,35 m de haut et pèse de 2 à 2,
7 kg. Il lui suffit de quelques heures pour se tenir debout et quelques
jours pour suivre sa mère. A l'âge de 2 mois, il pèse
entre 9 et 10 kg.
L'habitat
Malgré une idée largement répandue,
le chamois n'est pas l'animal de la haute montagne, il laisse ce
rôle au bouquetin. Il préfère la zone forestière
et la partie inférieure de la montagne pastorale. Le critère
prépondérant à l'habitat du chamois, c'est
le relief accidenté. Il n'existe pas de population vivant
en terrain plat et dépourvu de pentes rocheuses. Il évolue
généralement entre 800 et 2 300 m d'altitude. La limite
supérieure est celle des pelouses alpines qui conditionnent
la ressource alimentaire. Le chamois peut s'installer à des
altitudes très basses, à condition qu'il ne soit pas
dérangé. C'est le cas dans le Jura, les Préalpes
de la Drôme, la Haute-Provence et les Pyrénées-Orientales.
Parce qu'il sait utiliser au mieux les particularités du
milieu, le chamois colonise des territoires au climat et à
la végétation très différents. La présence
de zones d'hivernage qui abritent les espaces dégagés
de neige où l'alimentation est accessible lui est nécessaire
pour affronter les rigueurs de la mauvaise saison.
L'utilisation du milieu est très variable,
la répartition dans l'espace des animaux n'est jamais figée.
Elle varie aussi dans le temps. Enfin les regroupements sont liés
au sexe et à l'âge des animaux. Le chamois et l'isard
sont particulièrement bien adaptés à la vie
en montagne. En hiver le sous-pelage est constitué d'un duvet
laineux de 2 à 3 cm d'épaisseur qui couvre tout le
corps. Les os longs des membres antérieurs et postérieurs
forment des angles très fermés qui leur procurent
une souplesse et une détente étonnante. Le bord des
sabots permet une adhérence élevée sur les
rochers et la palmure interdigitale assure une bonne portance sur
la neige. Enfin le cur des chamois et isard est un muscle
très puissant. Abondamment oxygéné par le sang
très riche en globules rouges, il permet aux animaux de soutenir
des efforts intenses et violents.
L'alimentation
Les végétaux constituent la nourriture
exclusive des chamois. Ils consacrent une grande partie de leur
temps à cette activité.
- au printemps : chamois et isards gagnent les fonds de vallées
attirés par les pousses nouvelles de graminées ou
de fleurs. Grisés par cette nourriture, leur observation
peut être alors d'une grande facilité ;
- en été et en automne : la ressource alimentaire
est vaste, légumineuses et graminées sont préférées
;
- en hiver : l'accessibilité à la nourriture est liée
à la couverture neigeuse. Les animaux parcourent alors les
rares secteurs où la neige ne tient pas. Ils s'alimentent
aussi en forêt, utilisant les rameaux, écorces et lichens.
Toutefois cette situation est très fluctuante dans l'espace
et dans le temps et on considère que chamois et isards ne
commettent pas de dégâts importants.
Chamois et isards sont friands de sel, qui est un
élément nutritif nécessaire. Ils le trouvent
sous forme de salines naturelles et de pierres à sel déposées
par les bergers pour les moutons. Les besoins en eau sont assurés
par la consommation des végétaux et par la rosée
matinale, il est rare d'observer un chamois qui se désaltère.
Les relations avec les autres espèces
L'augmentation des effectifs des différentes
espèces d'ongulés sauvages en montagne et particulièrement
du cerf et du chevreuil fait que la fréquence des contacts
est élevée. Ces relations sont dépendantes
des différents facteurs du milieu tels que la densité
des espèces, la ressource alimentaire, les conditions hivernales.
En hiver en montagne, chamois et chevreuil cohabitent, si des conditions
difficiles persistent cela peut conduire à des concentrations
élevées. On suppose que la tolérance entre
espèces est mutuelle. Les choix alimentaires des espèces
sont le plus souvent complémentaires.
La fréquentation d'un même territoire
par le chamois ou l'isard et des troupeaux d'animaux domestiques
est rarement simultanée. En été, chamois et
moutons ne fréquentent qu'exceptionnellement les mêmes
versants et les mêmes altitudes. De plus la présence
des chiens de troupeaux et de protection fait fuir les chamois.
Cependant il existe un risque sanitaire lié à la transmission
d'agents pathogènes sur certaines zones mixtes recouvrant
les territoires des chamois et des moutons. Une contamination des
troupeaux domestiques vers les chamois peut se faire, le contraire
a été formellement démenti par des années
d'enquêtes épidémiologiques.
Sur des territoires où cohabitent le loup et
le chamois ou le lynx et le chamois ce dernier représente
une part non négligeable de l'alimentation de ces grands
prédateurs. Dans les Pyrénées, étant
donné la rareté des effectifs d'ours, son impact sur
l'isard est quasiment nul.
La gestion et l'avenir
Le chamois et l'isard sont des espèces soumises
au plan de chasse, le nombre d'animaux à prélever
est proposé par une commission qui rassemble divers intervenants
du milieu naturel, il est déterminé par un arrêté
du Préfet du département concerné.
Source ONCFS
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