L’ANCCG se positionne contre le Référendum d’initiative partagée sur le thème de la condition animale.
« Un projet de Référendum d’initiative partagée sur le thème de la condition animale a été lancé début juillet par trois entrepreneurs des nouvelles technologies et un journaliste.
Ce RIP porte sur six sujets, parmi lesquels figure l’objectif d’abolir la vénerie (chasse à courre) et les chasses dites traditionnelles.
En tant que chasseurs de grand gibier, nous tenons à exprimer notre plus totale opposition à tout projet d’interdiction de la chasse à courre. Ce mode de chasse est fondé sur une démarche totalement naturelle : une meute qui poursuit sa proie, à l’instar du loup. Cette chasse s’accompagne d’une haute exigence dans le soin apporté à ses chiens et ses chevaux comme dans le respect de l’animal chassé, quoiqu’en disent les détracteurs. Enfin cette pratique a été pendant longtemps la seule à veiller à une bonne conservation des ongulés sauvages en France. Elle y contribue encore aujourd’hui, en se préoccupant notamment de la conservation des corridors écologiques.
Mais ce n’est pas le seul sujet qui nous préoccupe tant ce projet de RIP nous parait dommageable sur bien des points de vue.
L’amalgame de six points hétérogènes dans le cadre de ce RIP pose de nombreux problèmes. Ceux-ci ont été sélectionnés, de l’aveu même des initiateurs du projet, en fonction de leur image négative auprès du grand public dans le seul but de maximiser une adhésion globale et non discutée point par point.
Pour plus de facilité, ce projet s’attaque à des symboles et désigne des coupables bien plus qu’il ne traite des problèmes sur le fond. Cela a l’immense avantage de se donner bonne conscience et de se dégager de ses propres responsabilités.
Un exemple ? Comment peut-on prétendre que la chasse à la glu, pourtant strictement encadrée et contrôlée, est cruelle quand on ne remet pas en cause la vente libre et l’usage des pièges à glu destinés à prendre les petits rongeurs, y compris lérots et loirs qui sont des espèces protégées ?
Un autre exemple ? Le projet veut interdire les élevages à fourrure alors qu’il ne reste que trois malheureux élevages de visons en France et que leur avenir est condamné, compte tenu de l’évolution du marché. Où est l’enjeu ? Cela mérite-t-il un référendum ?
Ce projet est peu réfléchi. Il entend supprimer les spectacles à base d’animaux sauvages et stigmatise les cirques et les parcs aquatiques. Mais en ce cas, il faudrait aussi supprimer la réalisation et la diffusion de films qui utilisent des animaux sauvages dressés et prisonniers en dehors des tournages où ils donnent l’illusion d’être libres.
Toute cette démarche est pernicieuse, car elle tend à désigner des coupables ou plutôt des boucs émissaires, à condamner des usages minoritaires au seul motif qu’ils sont plus faciles à démolir, à développer les germes de l’intolérance entre citoyens de ce pays et à accroître les fractures entre groupes sociaux.
On est donc dans la plus pure politique-spectacle.
Ce sujet du respect de l’animal mérite une toute autre approche que la condamnation sans discussion des pratiques désignées. Il nous paraît également totalement contraire à la vision que nous avons du travail difficile d’un élu parlementaire qui doit sans cesse développer de véritables axes de progrès pour notre société, en concertation avec toutes les parties prenantes.
Pour toutes ces raisons, nous vous demandons instamment de ne pas approuver ce projet de RIP, et si vous l’avez déjà signé, de reconsidérer ce choix au vu des problèmes posés.
Pour notre part, dans le domaine qui nous concerne, l’Association nationale des chasseurs de grand gibier, depuis 70 ans, a constamment été à l’initiative d’évolutions législatives et réglementaires en faveur du plus grand respect de l’animal sauvage et de la bonne conservation des espèces. Rien n’est parfait ni ne sera jamais parfait, mais nous poursuivrons cette tâche avec le souci du meilleur équilibre pour notre société et notre faune. »